Rada Tzankova
"Madame, Monsieur
Je collectionne les oeuvres de Rada Tzankova et c’est à ce titre qu’elle m’a sollicité pour en parler. C’est une tâche difficile car on ne peut pas vraiment dire qu’on « regarde », ni même qu’on « contemple » un tableau de Rada. L’idée d’un plongeon exprimerait plus justement ce que l’on ressent à l’approche d’une de ses oeuvres. Un plongeon, dans un univers de délicatesse, de finesse exquise, de poésie et d’intelligence. Une intelligence parfois sombre, mais où l’espoir n’est jamais loin dans un trait d’or ou de couleur ou dans un blanc, grand ouvert sur le ciel. L’espoir en une humanité plus légère, plus imaginative, moins contrainte, moins cloisonnée.
De sa Bulgarie natale ou de ses voyages africains, elle a rapporté ces images fulgurantes, pleines de lumière, d’altérité à l’autre et de mélancolie. Elle semble comme en exil permanent, etrangère aux vicissitudes des mortels. Elle est, je crois, d’un autre monde, dont ses tableaux sont comme les fenêtres. Elle peint avec cette spontaneité libre et dé-académique qui laisse accroire que son âme aurait des mains.
Avec un infinie precaution - parfois même de minutie - elle pose cette multitude de traces et de points qui sont comme le trait d’une flèche qui brise nos armures et rouvre nos coeurs. Pour paraphaser Paul Claudel, on dirait que « De même que Dieu a dit des choses qu’elles soient, sa peinture redit qu’elles sont ».
Finalement ces fenêtres, ce serait bien sur nos enfances qu’elles ouvrent."
Alban Caillemer du Ferrage
Avocat à la Cour de Paris