Guy Mansuy
Guy Mansuy ne renonce pas à être l’hôte rigoureux et patient des bois et des forêts où il rôde autour de l’origine essentielle du carton qu’il va plier, découper et puis coller selon son propre rythme. A la manière d’un personnage de Jacques Prévert, quand il voit un arbre il voit déjà le papier ou le carton qu’il va sélectionner, découper puis coller à côté d’autres objets issus d’une autre forêt. Il sait comme le fait remarquer René Char à propos de son ami Georges Braque que « l’art est une route qui finit en sentier, en tremplin, mais dans un champ à nous ».
Guy Mansuy nous offre plusieurs champs. Ils sont tous fabriqués, irréels et surprenants. Son style s’impose et nous enchante car les formes et les couleurs s’amusent dans un espace qui n’appartient qu’à l’artiste. Déplacés mais non exilés, les matériaux usés connaissent une deuxième vie, celle-là au moins est promise à une musique composée par le désir et le jeu. Les tableaux sont alors des miroirs où persistent quelques souvenirs dont on ignore l’identité et l’origine, mais comme disait Jean Cocteau, ils les font réfléchir ».
Tahar Ben Jelloun